mardi 23 juin 2009

SOUTHSIDE Festival 2009 : We care a lot !

Situé sur l'aérodrome de Neuhausen ob Eck (près de Munich, Stuttgart et Freiburg - bref, en southern Germany), le festival Southside eut cette année la chance d'accueillir, outre des tonnes de pluie, cinq français absolument totalement et irrémédiablement déconnants, mais ne parlant hélas (pratiquement) pas un mot de la langue de Goethe : Marie, Stef, Bénoti, Yann, et votre serviteur.
Compte rendu journalier.


VENDREDI 19 :
Après un voyage sans histoire et un montage de tente rapide et efficace (Quechua powa !), notre équipe de choc se rendit sur le site du festival à proprement parler, pour assister à la fin du concert de Lily Allen, puisqu'en effet notre gestion hasardeuse du timing nous fit arriver pour les 3 derniers morceaux de la demoiselle, qui semblait par ailleurs assez peu concernée par sa prestation. Tant pis, ça fait quand même plaisir de la voir malgré sa coupe Playmobil.
Un petit tour du site plus tard, nous lançons le premier "dance-show" d'une longue série devant les mous et insipides Keane, qui auront au moins eu le mérite de nous faire marrer (et de jouer Everybody's Changing ainsi qu'une reprise d'Under Pressure, c'est toujours ça de pris).
Fait notable : danser comme des cons en se marrant attire toujours les jolies allemandes qui viennent tenter de vous parler, et pour lesquelles nous sortons inlassablement notre phrase magique "Enshuldigung, Ich bin Franzose, ich spreche keine Deutsch. English maybe ?" Et là, miracle, et surtout preuve parmi tant d'autres que les allemands sont vraiment mieux que les français, ils parlent TOUS anglais, et nous pûmes converser en paix. Les occasions ne manquèrent pas, puisqu'ils furent affables et vraiment amicaux, du voisin de camping au voisin de concert, en passant par les vendeurs et autres gens croisés aléatoirement. Big up, respect, tout ça...
Puis la pluie s'arrêta, juste à temps pour que nous puissions assister au concert de Ben Harper dans les meilleures conditions, c'est à dire complètement à l'autre bout du site, tant ce gros blaireau nous fit fuir après 3 morceaux insipides (dont une reprise inutile de Led Zep), et surtout une attitude mystico-mythique assez fabuleuse (en gros les yeux fermés tout le temps, assis sur sa chaise, pas un mot au public, je prends mon cachet et je me barre, quoi).
Cette retraite nous permit de découvrir Die Ärzte, groupe allemand culte qui attire un public aussi large que Johnny en France (on a les idoles qu'on mérite) et qui officie depuis 30 ans au service d'une musique punk/pop humoristique pseudo-engagée, qui fit danser tous les festivaliers de 7 à 77 ans, nous laissant parfois de côté sur certains passages, barrage de la langue oblige. Et pendant ce temps en France, les jeunes kiffent les Bérus. Hum.
Le concert de clôture de ce premier jour fut Nick Cave et ses Bad Seeds, très en forme et délivrant un set énergique malgré qqs problèmes techniques. Rien que pour sa version de Red Right Hand "à la Doors" ça valait le coup.
Hop, retour au camping, scindage du groupe en deux (Bénoti et Yann voulant absolument aller danser -et boire- sous un chapiteau passant de la musique jusqu'au bout de la nuit), je décide donc de me glisser sous ma tente et de dormir un brin, en vain. Non pas à cause de blaireaux hurlant (je vous l'ai dit, l'allemand est en grande majorité calme et civilisé) mais à cause du chapiteau sus-cité, d'où me parviennent les accords d'une musique qui en ces lieux me parait irréelle (hommage). Disons plus simplement que la haute qualité des morceaux choisis me fit me rhabiller au bout d'une heure pour aller rejoindre les deux compères et me dandiner jusqu'à la levée du jour, en profitant au passage pour perdre ma voix en hurlant sur du Foo Fighters. Yé.
Effondrement dans la tente vers 7h du mat.


SAMEDI 20 :
Réveil ensoleillé après seulement qqs heures de sommeil, mais en forme. Je traine un Bénoti en lambeaux aux douches ultra saturées (l'allemand est propre, en plus de toutes les qualités sus-citées) puis un tour du camping pour visiter, petit déjeuner entre amis, et hop, retour sur le site. Notons qu'à la différence des Eurocks, par exemple, le camping est vraiment collé au site, ce qui permet des allers-retours faciles et nombreux (ou rapides et furieux, au choix). Oui, l'allemand a un côté hautement pratique qui l'honore et qui (nous) enchante.
Les concerts du matin de groupes locaux nous laissent assez dubitatifs (car oui, si l'allemand a un défaut, c'est bien ses gouts musicaux parfois étonnants, sans parler du look années 80 qui fleurit encore ça et là) jusqu'à The DO, qui fournissent un très bon concert, si tant est qu'on ne soit pas allergique à la voix de la (toute mimi) chanteuse, ce qui peut arriver (cf. Stef et Marie).
Re-ballade, grignotage, et direction grande scène pour The Sounds. Alors bon, oui, j'avoue, c'était mon idée d'aller les voir, puisque je trouve le single "Song with a Mission" accrocheur en diable et vraiment bien foutu. Eh ben figurez vous que non seulement ils ne l'ont pas joué, mais qu'en plus leurs autres morceaux sont bien pourris (outre "Painting by Numbers" si on est d'humeur tolérante) et que la chanteuse, en combi cuir/slip/casquette de police/collier Chanel/"fuckin'fuck tous les 3 mots", a atteint des sommets de vulgarité et de mauvais gout.
Hop, poubelle, et direction le concert suivant, Gogol Bordello, qui ont fait sauter tous les festivaliers avec leur musique punk/tzigane du meilleur effet. Si ces gens passent près de chez vous, allez les voir, c'est mon conseil du jour, c'est pas souvent que des gitans vous feront danser de la sorte (surtout si le No Smoking Orchestra est en veille). On se remet de nos émotions en se promenant, en discutant encore avec des gens (le nombre de jolies filles dans ce festival, fouyayah !) et en grignotant.
Puis arrivent les Eagles of Death Metal, pour un concert un brin décevant, puisqu'ils assurent le service minimum, alignent les tubes et les poses convenues, et repartent comme ils sont venus. Définitivement un groupe à voir en salle.
Nous assistons à un bout de Franz Ferdinand, qui ont tout compris. En effet, passer la moitié du concert en étirant les morceaux avec de longs et merveilleusement inutiles passages instrumentaux (featuring un solo de batterie ridicule) ça permet de moins se fatiguer et de raccourcir la set-list tout en étant payé pareil. Bravo les enfants !
Puis nous passons rapidement devant Disturbed (non mais c'est quoi cette voix pourrite ?) et Kings of Leon (une des plus grosses affluences du festival, c'est dire si l'allemand a parfois des gouts douteux) qui se la jouent très pro, pas bonjour, pas merci, on enchaine les morceaux du dernier album (et ouais, faut bien vendre, ma brave dame) et on se tire. Nous en profitons pour faire de même et se réfugier sous le chapiteau pour voir Karamelo Santo, un groupe de ska qui reprends la macarena en changeant les paroles en marijuana. Bénoti est au bord de l'orgasme, nous nous contentons Stef, Marie et moi de sourires en coin, avec regards complices et entendus.
Retour vers la grande scène pour Nine Inch Nails et leurs 40.000 stroboscopes à tuer un épileptique en un demi-morceau. Le groupe attaque fort avec une salve de tubes qui met tout le monde d'accord (et KO) puis le concert s'enlise avec des morceaux récents et moins pêchus. La fatigue commence à se faire sentir (rester debout toute la journée sous la pluie ça finit toujours par vous tuer un homme), et heureusement Hurt, joué en final, nous donne le regain de force nécessaire pour aller se glisser sous la tente et tenter de dormir malgré le froid, la pluie, et la boue (et l'envie de pisser tout en essayant d'éviter les toilettes chimiques aux doux relents acides et fruités - car l'allemand fait caca, preuve qu'il n'est pas parfait après tout). J'en profite pour taper la conversation avec notre aimable voisin de campement, super sympa et très ouvert, qui m'explique un peu mieux le concept de Die Ärtze, et on finit par causer politique, différences culturelles franco/allemandes et Ballermann 6, bref la routine.


DIMANCHE 21 :
Fête de la musique en France, nous sourions en imaginant les parisiens devant Calogéro ou Obispo, et le reste des français devant des djeunz "posant du son" ou massacrant du Oasis. On plie les tentes pour tout mettre dans les voitures et pouvoir profiter du dernier jour l'esprit libre et la conscience tranquille.
Les Ting Tings déçoivent (mais jouent Great DJ, donc bon, au moins on aura eu notre moment "soirée Darpla pour jeunes filles artistes à frange") et on se replie devant Ska-P et son ska-oumpapa pour kermesses alcoolisées. Boarf. En plus ils sont moches comme des poux et un des chanteurs s'appelle Pipi (véridique). Bénoti affiche néanmois un sourire post-coïtal jusqu'aux oreilles, preuve que ça devait être un bon concert pour les connaisseurs, dont nous nous enorgueillissons de ne pas faire partie, pour le coup.
On assiste à la mise en place de Katy Perry (qui reproduit sur scène la pochette de son album, ce qui est mignon) mais ses gros yeux globuleux nous font peur et on file assister au set de Mars Volta.
Grossière erreur.
Le chanteur, au look de Marc Bolan du pauvre et à la voix de sous-Robert Plant nous saoule à mort, pendant que les musiciens font revivre les fantômes de Yes et d'Emerson Lake & Palmer avec des morceaux techniques longs et chiants. Un bon point pour le batteur, quand même, qui déchire.
Arrivent les Pixies, qui semblent bizarrement n'intéresser les allemands qu'à moitié, pour un concert bien plus détendu -et moins dilaté- qu'aux Eurocks en 2005, donc tout va bien, Kim Deal ressemble à une maman camionneuse alcoolique mais reste très jolie, tout le monde est content (en plus ils jouent Into the White, je peux donc mourir en paix).
On file faire les cons devant Moby qui ne trouve pas mieux à faire que de courir partout sur scène pour rien, puisqu'il n'a pas d'instruments et que les bandes... euh, le groupe sur scène, pardon, fait tout à sa place. Le petit chauve fait chanter en choeur le Ring of Fire de Johnny Cash à tout le public (wtf ?) et demande en criant "do you like rock n roll ?" avant de faire du funk... Courageusement nous fuyons pour assister au set de Social Distortion et son vieux punk daté et inoffensif, que nos homologues teutons ont l'air d'apprécier grandement. Hum. Le concert n'en finit pas et chaque morceau se ressemble (ho, et tiens, comme c'est original, ils font même une reprise de Ring of Fire !) mais nous restons sur place car l'excitation monte... En effet le concert final du festival est à venir, et nous avons décidé d'y assister dans les meilleures conditions possibles, quitte à mourir, c'est à dire tout devant.
Les vieux punks fatigués (et fatigants) quittent enfin la scène, et nous voici nous faufilant à travers la marée humaine pendant qu'une bonne partie du public file assister au concert de Kraftwerk (quelle idée, aussi...).
Hop, miracle, nous sommes au 3ème rang, et les gens ne poussent pas, ne se jettent pas de regards noirs et ont l'air heureux malgré la pluie. Pas de doute, nous sommes en Allemagne et pas -au hasard- aux Eurocks.
Faith No More est enfin là, juste devant nous, et c'est au pied d'un public aux yeux dans lesquels se mélangent pluie et larmes de joie qu'ils entament leur set par la reprise de Reunited de Peaches & Herb. Mike arrive en se tenant courbé, une canne à la main, lunettes de soleil et costume shiny du meilleur effet. Puis tout explose, les tubes s'enchainent, et malgré la fatigue, la douleur et la pluie, je saute dans tous les sens (ils jouent même Cuckoo for Caca et Surprise you're Dead !). Ils ont l'air heureux, le public aussi, mais les meilleures choses ont une fin et ils partent après une beaucoup trop courte heure et demi de spectacle total. (en tapant Faith No More Southside sur youtube on trouve des petits bouts de show qui font plaisir)


Puis retour au parking et retour en France sous la pluie nocturne et froide (pas le choix, tout le monde travaillant le lundi matin), puis retour en train au soleil pour votre serviteur, la tête pleine de bons moments pour lesquels je vous remercie encore 1000 fois, les Tymi, les Cidibistes, Marie, Yann, les jolies allemandes, etc...
Je me rends compte que j'ai oublié plein d'anecdotes fabuleuses (Yann, l'homme qui drague comme il boit, courant sur le camping vers des filles qui galèrent à porter un traineau de bouffe dans la boue en criant "Stop, this is the attack of the train !" - accent français à couper au couteau en prime) qui resteront dans le domaine de la légende orale qu'on se transmettra dans les années à venir, tant Southside risque fort de devenir une institution à laquelle je me rendrai bien volontiers les années à venir, qui m'a réconcilié avec les festivals, qui m'a fait aimer l'Allemagne encore plus, et qui m'a surtout permis d'amorcer ma 30ème année de la plus belle des façons.

So long, Rock & Roll !

3 commentaires:

Unknown a dit…

Yeah! Belle chronique!
ça se lit super bien... c'est beau!

Par contre... je me permet une petite modification (je me permet) :

"Retour vers la grande scène pour Nine Inch Nails et leurs 40.000 stroboscopes à tuer un AVEUGLE en un demi-morceau"

Avec aveugle c'est mieux quand même.

$hiti a dit…

Ah, Yvele, toujours le bon mot au bon moment, tu es vraiment l'ami du petit des jeunes, hé !

Blagapar, et pour prouver mes dires sur le concert de FNM, voici ce que monsieur Billy Gould raconte sur son Twitter :
"The Southside Festival was great...the crowd was rained on throughout the entire set, but stuck it out and made the show totally worthwhile."

Et ça c'est beau.

Yvoulouloupipou a dit…

S'toi qui est beau!

Hum j'ai pas compris grand chose a ton histoire de FNM Billy Twitter mais heu.. si ça te fait plaisir et bien moi aussi ça me fait plaisir!

PS: Non franchement je le répète, mais vraiment ton texte je l'ai lu avec plaisir.. après je ne sais pas si c'est parce que je te connais (un peu) et tout ou si c'est universellement chouette